dash & leron #1

dimanche après midi, il pleut, il n'y a rien à faire, leron est affalé dans son canapé, zappant sans même regarder les chaînes sur lesquelles il passe, l'ennui est bien présent, il attrape son portable navigue rapidement dans ses sms, puis il tombe sur la conversation qu'il a eu récemment avec mini moody, le petit frère de tod. depuis le décès de ce dernier, leron est très proche du petit dernier, comme si il ressentait le besoin de le protéger, lui et le reste de la famille, comme si il ne voulait pas réitérer les erreurs du passé. il avait donc discuté jeux vidéos avec le garçon et il lui avait promis un moment dans son emploi du temps pour venir jouer avec lui. il se leva d'un bond du canapé, attrapa un sweat à capuche qu'il enfila par dessus son tshirt, il mit également une paire de converses, pris ses papiers, ses clés et puis se mit en route direction chez les moody. la famille n'habitait qu'à une quinzaine de minutes de chez lui alors même sous la pluie il se décida d'y aller à pied, les gouttes étaient fines et aucune averse n'était prévue. mains dans les poches il déambulait dans les rues jusqu'à arriver à bon port. il se pressa jusqu'à la porte d'entrée où il cogna de deux coups, à l'intérieur quelqu'un se pressait pour venir lui ouvrir, sans doute madame moody mais non, c'est une toute autre silhouette qui se dessina dans l'encadrement de la porte, "dashay..." lâcha t-il, surpris de voir la jeune femme, "qu'est-ce que tu fais là ?" question bête étant donné que c'était chez ses parents, il ne s'attendait tellement pas à la voir ici, aujourd'hui, qu'il en perdait toute logique, "je veux dire...je pensais pas que tu serais là, tu vas bien ?" il n'osait pas bouger de sa place, même si il aurait eu envie de la prendre dans ses bras, avec dashay c'est complexe, encore plus depuis le décès de todney. il voyait dans son regard que la surprise était aussi présente chez elle, mais il y avait aussi ce petit truc, unique à dash, ce petit truc dans ses yeux à l'égard de leron qui était apparu depuis la mort de son grand frère. "je...je suis venu voir ton petit frère, il est là ?" bredouilla t-il finalement.

en cette fin d'année scolaire et malgré les examens qui s'approchent à grands pas, c'est un weekend en famille que dash est venue passer dans la maison qui l'a vu grandir. depuis la mort de todney, elle a eut du mal à rester auprès de tous ces souvenirs de lui. dash, elle a très vite quitté le domicile familial pour rejoindre celui de sa fraternité, parce qu'elle ne supportait plus les flashs qui la percutaient à chaque fois qu'elle passait près de la porte de sa chambre. et même si elle n'est pas partie très loin, sa dernière nuit passée ici remonte à suffisamment longtemps pour qu'elle ne s'en souvienne que vaguement. de toutes les personnes qui ont croisé la route de tod, dash est sans doute celle qui digère le moins son décès. dans le déni complet depuis des années, le moindre rappel de son absence la tord d'une douleur indescriptible. tant et si bien qu'elle a pris pour habitude de fuir chaque élément pouvant lui remémorer sa perte. mais après plusieurs semaines de supplications, elle a fini par céder, par se pointer un sourire fade sur les lèvres ce vendredi en fin de journée, son sac en main pour accueillir la joie de son petit frère. et elle regrette pas dash, parce que même si elle a eu l'impression d'être en décalage avec le reste de sa famille pendant ces deux jours, elle s'en sera aussi sentie plus proche à la fois. c'est pourtant seule qu'elle passe ce dimanche après midi alors qu'elle a préféré rester à la maison pour réviser ses partiels quand ses parents et sont frères sont allés rendre visite à une tante vivant à quelques pâtés de maisons. lunettes posées sur le bout de son nez, elle est absorbée par ses textes de lois lorsque résonne deux coups cognés contre la porte d'entrée. elle a aucune idée de qui peut bien s'inviter malgré l'absence de ses parents, mais elle se presse de parcourir les quelques mètres qui la séparent du couloir pour au plus vite retrouver ce qui l'angoisse depuis plusieurs semaines. dash, elle s'attend à ce que ce soit un voisin, un ami de la famille, n'importe qui à vrai dire en dehors de celui qu'elle entrevoit dans l'encadrement de la porte. et y a son myocarde qui manque un battement, sa respiration qui se bloque subtilement alors qu'il prononce son prénom. leron qu'elle s'efforce de ne pas dévisager comme elle sait si bien le faire depuis des années. leron qu'elle a envie de frapper autant que d'enlacer à chaque fois qu'elle le voit. parce qu'il fait parti de ceux qui la ramène le plus au décès de son frère, que chaque fois que ses yeux se posent sur lui elle repense à ce jour maudit. dash, elle ne prend pas même la peine de répondre à sa question autrement qu'en arquant les sourcils. leron se reprend de toute manière lui même malgré le silence de plomb qu'elle lui offre. c'est finalement après s'être mordue suffisamment fort la langue pour s'empêcher de prononcer des paroles qu'elle irait regretter, qu'elle ouvre enfin la bouche. ça va. je suis que de passage, je retourne à columbia demain. dash, elle a beau ne pas être massive elle fait obstacle dans l'encadrement de la porte. elle est cette barrière qui le sépare de l'extérieur et elle ne bouge pas. qu'est ce que toi tu fais là ? et sa réponse ne la surprend finalement pas. parce qu'elle se doute bien que ce traître continue à fréquenter l'ennemi. pourtant dash, elle ne peut même pas lui en vouloir parce qu'elle comprend parfaitement ce que ça fait de se sentir proche de leron, qu'elle a autrefois connu l'ivresse d'avoir son attention, l'agréable sensation de passer du temps en sa présence. non. franc, cassant, elle pourrait se contenter de cette simple réponse tout en le toisant de son regard profond aussi brillant que fumant. mais c'est un soupire qui s'échappe de ses lèvres quand finalement elle cède. il pleut, entre si tu veux. seuls ceux qui connaissent leur relation sauront l'effort suprême que cet acte lui a demandé. dash, en plus de ne pas lui sauter à la gorge a, d'une certaine manière, fait un pas dans sa direction en, ironiquement, se reculant pour le laisser entrer dans la maison.

il était quasi pétrifié, ne s'attendant clairement pas à la vision de dashay dans l'encadrement de la porte, et pourtant, elle était bel et bien là, leron il était à deux doigts de se pincer pour vérifier qu'il ne rêvait pas, mais aucunement besoin, les mots et la froideur de dash faisait le taff pour lui faire comprendre que tout ceci était bien réel. il ne savait pas quoi dire, l'atmosphère était pesante et encore plus froide que la pluie qui tombait dehors, résigné et ne voulant pas lui faire perdre plus de temps, il allait tourner les talons, repartir de la où il venait et laisser dashay tranquille, en bref se défiler, mais cette dernière lui balança un truc qui le surpris, si bien que cela lui fit ouvrir grand les yeux, secouant sa tête comme pour vérifier qu'il avait bien entendu. "euh...ouais ok cool." finit il par dire avant de rentrer dans la maison des moody. il entendit la porte claquer derrière lui, il se retourna faisant donc face à nouveau à dashay. "je m'attendais pas à te voir ici, c'est tellement rare depuis la..." il se coupa net regrettant les mots prononcés, et également ceux qu'il avait gardés pour lui, le stress de se retrouver seul avec elle lui faisait dire de ces conneries. "tu deviens quoi ?" finit il par poursuivre, voulant orienter la conversation sur un autre sujet et également laisser la parole à la brune qui de son côté risquait de dire moins d'imbécilités que le jeune homme. il était planté là comme un piquet, dans l'entrée à quelques pas de la porte, il n'osait pas agir comme il le faisait habituellement en venant ici pour voir mini moody, ou avant pour voir tod.

dash, elle claque la porte un peu trop fort derrière le passage de leron et se fait coincer à son tour, obligée de le toiser une fois celui-ci entré. et c'est son sourcil qui s'arque en même temps que ses dents qui se serrent lorsqu'il mentionne presque ce sujet tabou. phrase non terminée dont elle connaît pourtant la suite. depuis la mort de tod. et dash elle est bien forcée de se mordre la lèvre pour ne pas craquer. hurler ou pleurer c'est tout ce qu'elle sait faire lorsque le sujet est abordé, lorsque les souvenirs remontent à la surface et que la douleur s'empare de sa poitrine. alors la seule manière qu'elle trouve pour canalyser tous les sentiments qui se bousculent c'est en le foudroyant du regard, une fois de plus parmi tant d'autres. et elle soupire pour essayer de balayer ce sentiment de lui en vouloir d'être aussi maladroit, de continuer à se comporter comme ses parents l'ont éduqué. toujours pareil. le droit, la radio, les assos. elle hausse les épaules, répond sans se faire bavarde. c'est qu'elle a pas grand chose à en dire, pas grand chose à lui dire si ce n'est tout ce qu'elle garde enfoui au fond d'elle. sans un regard elle marche devant lui, s'avance dans cette maison qu'elle a quitté parce qu'elle ne pouvait plus la supporter. et toi ? c'est si rare depuis quelques années, que ça pourrait lui écorcher les lèvres de montrer une forme d'intérêt. mais elle n'est pas d'humeur à se battre aujourd'hui dash, même si elle ne quitte pas complètement cette froideur si particulière qu'elle ne réserve qu'à leron. leron qu'elle observe du coin de l'oeil, penaud, perdu dans cette maison qu'il connait pourtant par coeur. c'est qu'il ose à peine bouger et ça la ferait presque sourire dash si elle n'avait pas conscience que c'est sa présence qui entraîne un tel comportement chez lui. je vais quand même pas te dire de faire comme chez toi alors que ça fait des années que tu viens. sourcil à nouveau arqué, elle quitte le couloir de l'entrée pour rejoindre le salon où elle se laisse tomber sur le canapé. dash, elle a pas spécialement envie qu'il la rejoigne, mais étonnement ça ne la dérangerait pas. sans doute parce que c'est ce que veut sa bonne éducation, de bien accueillir les invités même les indésirés. tu lui voulais quoi à dion ? qu'elle demande à moitié désintéressée tout en piochant une poignée de fruits secs posés dans un saladier. elle fait la conversation dash, alors qu'elle pourrait lui dire d'attendre tranquillement ici et retourner dans sa chambre pour continuer à réviser. mais c'est une pause amplement méritée qu'elle veut bien s'accorder.

tout penaud il l'a suit jusqu'au salon et s'installe, un brin gêné, sur le fauteuil face à elle, il s'en veut encore de la bourde d'il y a quelques minutes, parce qu'il sait qu'elle l'a relevée, il l'a bien vu dans son regard assassin, et il comprend, il a été con sur le coup de remettre ça sur le tapis, surtout avec elle, non pas que lui ça ne lui fait plus rien, il était présent, il a tout vu et les images le hante encore aujourd'hui, mais il essaye d'aller de l'avant, parce que tod l'aurait voulu. c'est dashay qui finit par combler le silence qui envahit la pièce, et ça le soulage leron, parce qu'il n'aurait pas trouvé quoi dire, enfin il aurait cherché, histoire de ne pas mettre une nouvelle fois les pieds dans le plat et dire une connerie. "et bien il voulait qu'on se fasse quelques parties de jeux vidéos...et comme j'étais dispo aujourd'hui je me suis dit que ça serait l'occaz." manque de bol c'est lui qui n'était pas là, enfin non pas que voir dash lui déplaisait, bien au contraire, il était heureux de la croiser, c'était si rare depuis le drame, et puis les seules fois où ça arrivait c'était comme en ce moment, froid, distant et malaisant. il aimerait crever cet abcès qu'il y a entre eux depuis le décès de todney, parce qu'avant ça, entre eux c'était différent, c'était affectueux, il était et est toujours attaché à la jeune femme, et il est triste de voir que le lien si longuement crée s'est brisé en une seconde. "dash..." finit il par lâcher, prenant son courage à deux mains. "...tu penses pas qu'il serait temps de discuter ?" il relève les yeux, tombant nez à nez avec les siens, ses yeux magnifiques dans lesquels il peut se perdre en un rien de temps.

elle est bizarre cette distance entre eux et même si elle dure depuis bien trop longtemps elle est toujours source de malaise. dash, elle fait l'effort de lui poser une question, mais elle parvient avec difficulté à masquer son détachement. détachement feinté, parce qu'au fond d'elle ça la tue d'avoir perdu l'une des choses qui comptait le plus pour elle à savoir la complicité qu'elle avait avec leron. mais celle-ci est morte en même temps que son frère. et dash, elle a bâti des barrières suffisamment hautes pour protéger son coeur le temps qu'il lui faudra pour cicatriser. parce que c'est pas ce qu'on est justement en train de faire, discuter ? sourcil arqué, elle fait preuve d'une mauvaise foi légendaire dash, parce qu'elle sait très bien ce qu'il entend par là. qu'elle ne veut simplement pas le comprendre pour ne pas avoir à affronter ce qu'elle repousse depuis des années. tu veux parler de quoi ? dash, elle soupire avant d'abdiquer. quitte à rester coincée ici avec lui autant mettre ces, disons, retrouvailles à profit. et pourtant, y a son myocarde qui s'accélère parce qu'elle est terrifiée à l'idée d'avoir ce genre de conversation avec lui. dash, elle sait pertinemment de quoi il veut parler parce qu'il n'y a bien que deux sujets sur lesquels ils auraient besoin de se clarifier - eux et la mort de todney. non laisse moi deviner ... du fait que je t'en veuille sans véritablement expliquer pourquoi ? du fait que même si tout le monde me répète d'avancer j'ai toujours pas fait mon deuil ? du fait que je me suis éloignée de tout le monde alors que rester soudés aurait été préférable ? elle est froide, sèche, piquante jusqu'au fond de son regard. mais dash, c'est pour se protéger qu'elle réagit comme ça. dans son esprit tourmenté, l'idée d'attaquer pour mieux se défendre lui paraît être efficace. elle cherche à masquer tout ce qui la heurte plus qu'elle ne parvient à l'admettre en se montrant aussi cinglante. ou de la nuit où j'ai perdu ma virginité en trahissant la confiance de mon frère la veille de son coma ? malgré elle, sa voix se brise sur ces derniers mots. parce que son plus grand regret n'est pas tant d'avoir succomber à la tentation, d'avoir perdu sa virginité avec quelqu'un qu'elle appréciait plus que ce qu'elle n'aurait du, mais bien que moment soit arrivé la veille de la mise à tabac de son frère. et inconsciemment y a le sentiment d'avoir été punie pour cette forme de trahison qui s'est faufilé dans son esprit et y a pourri pendant des années.
@leron roscoe

c'est clairement une bouteille à la mer qu'il lui envoi leron, parce que ça le saoule que ça se passe comme ça entre eux, parce qu'il l'apprécie dashay, toujours autant depuis qu'il l'a connait, c'est juste que ça a évolué avec le temps, parce qu'elle est passé de la petite fille timide à cette grande dame pleine d'assurance. et franchement ça le fait chier leron que tout ce qu'ils ont construits entre eux au fil des années aient disparu en une simple soirée. mais il voit bien le garçon qu'il s'engage sur une pente glissante, un terrain miné et que dash elle l'attends un fusil à la main prête à tirer au moindre faux pas, il en a conscience que tout ce qu'il s'est passé il y a cinq ans c'était dur à vivre, mais la perte de tod il l'a aussi vécu, en direct live même, et les images sont ancrées dans sa tête, le sang, les cris, et son impuissance face à la situation. alors il tente le tout pour le tout, parce qu'il n'a rien à perdre, qu'il essaye de sauver les meubles et qu'il veut lui prouver qu'elle peut lui faire confiance, qu'il est là pour elle et qu'il n'attends qu'une chose, qu'elle vide son sac, lui ouvre son coeur, pour pouvoir peut être recommencer sur une bonne base. mais il le voit dans son regard, il l'entends dans sa voix que dashay elle est pas prête pour ça, que la rancoeur est encore bien présente, mais il l'écoute, attentivement, chacun de ses mots, parce que maintenant qu'il a lancé le débat il n'a pas le droit de se défiler et puis il n'en a pas envie. "putain dashay, je le sais que c'est dur pour toi, et je peux encaisser ta douleur si t'as besoin de te décharger..." il marque une pause, essayant de trouver les bons mots, ne voulant en aucun cas la blesser. "...mais la dernière chose dont j'ai envie c'est que tu me détestes, et c'est pourtant ce qu'il se passe depuis cinq putains d'années !" le ton monte, mais il essaye de se calmer leron, parce qu'il n'a pas l'intention de s'énerver, c'est pas pour ça qu'il a démarrer le sujet. "et je peux te jurer que chaque jours que dieu fait je m'en veux de n'avoir pu rien faire pour l'aider..." un noeud à la gorge l'empêche de continuer, il sent les larmes monter, mais il ne doit pas craquer.

elle mentirait dash, si elle disait qu'elle ne s'attendait pas à ce que cette conversation arrive un jour. elle la craignait autant, si ce n'est plus, que la peste. et si elle se montre cinglante, leron l'est tout autant. elle est heurtée par chacun de ses mots alors qu'ils sont fait de bienveillance. mais dash, elle ne voit rien de tout ça. aveuglée par la douleur elle reste cloîtrée dans un schéma qu'elle reproduit depuis des années. le déni, dans sa forme la plus pure. tu comprends pas que c'est ça justement le problème. que toi tu sois là et pas lui. elle se redresse d'un bond pour accompagner ses mots qui dépassent ses pensées quand elle vient presque sous-entendre qu'elle aurait préféré que ce soit leron et non todney qui y soit passé. dash, elle a jamais souhaité sa mort, malgré toute sa rancoeur, simplement qu'elle se laisse emporter par la colère que lui procure ce souvenir. la haine et l'anéantissement qui la poussent à prononcer des mots qu'elle ne pense pas vraiment, des paroles faites pour blesser autant qu'elle l'est par ce sujet. tu dis que t'as rien pu faire, mais si les rôles avaient été inversés tu crois qu'il t'aurait laissé agoniser ? elle le blame, l'accuse tout en étant consciente qu'il n'a jamais véritablement été en tord. elle veut le faire culpabiliser tout comme elle culpabilise elle-même d'un évènement que ni lui ni elle ne pouvait empêcher. et ce qu'elle est mauvaise, dash, quand elle s'emporte de la sorte. ce qu'elle est injuste envers leron parce que contrairement à lui elle n'était pas là, que contrairement à lui elle n'a pas les souvenirs de cet instant là. elle le sait au fond d'elle que sa volonté de trouver un coupable qu'elle saura faire souffrir l'a contrainte à le choisir lui. parce qu'elle n'avait aucun moyen de faire payer celui qui a mis fin aux jours de todney. qu'elle s'est retrouvé sans aucun visage sur lequel cogner en songe pour évacuer sa peine. c'est peut être pas toi qui l'a cogné, mais tu vois c'est bien plus simple de te blamer.. le ton est plus calme, plus douloureux. dash, elle sent sa voix se briser au fur et à mesure de ses paroles et les larmes lui monter. elle déteste cette conversation, elle déteste parler de ce qu'elle ressent. mais dans son élan, elle avoue à demi-mots que sa rancoeur à son égard est faite pour de mauvaises raisons. ..parce que ça m'évite de penser à ma propre culpabilité. cette culpabilité au combien pesante, mais qui ne devrait pas exister. dash, elle s'en veut de tant de choses qu'elle ne saurait les énumérer qui ne sont pourtant que peu fondées. elle se laisse retomber sur le canapé, les jambes repliées contre sa poitrine. dash, elle a l'air d'une gamine complètement terrorisée et pour peu elle manquerait presque d'en trembler. pourquoi tu veux ramener cette histoire sur le tapis alors que tu sais très bien que c'est de la torture ? pas de regard foudroyant cette fois, mais des prunelles fuyantes pour masquer l'humidité de ses paupières. elle a la poitrine si douloureuse, dash, qu'elle sentirait presque son coeur exploser à l'intérieur de sa cage thoracique. et en elle rien que l'envie de fuir cette conversation qu'elle a toujours redouté.

il voit bien leron que ça s'annonce mal, que la discussion qu'il aurait voulu posée va partir en règlement de compte et même si il comprend pourquoi, il est peiné. et la première réponse de dashay est cinglante, ça le frappe comme si il venait de se prendre un coup de poing en pleine face, le choc est intense et il ne s'y attendait pas, il sent comme une pression dans sa poitrine et son souffle devient court, mais il ne se démonte pas, il sait pourquoi elle dit ça, il l'a connaît dashay et il sait, du moins il espère, qu'elle n'en pense pas un traître mot. et quand elle vient remettre en cause la non action qu'il a eu ce soir là il ne peut s'empêcher de se lever à son tour, "j'avais la gueule face au sol, maintenant par le pied d'un gros connard de flic ! si je bougeais je savais pas ce qui se serait passé bordel." il s'emporte, les larmes aux bords des yeux, de grand geste pour se faire comprendre parce qu'il est hanté par cette nuit là. et il s'assagit quand il la voit, il sait qu'il a été trop loin, il se rassoit sans un mot. il engouffre sa tête dans ses mains, ne sachant plus quoi dire, quoi faire, il a envie de se tirer, mais il ne peut pas la laisser, parce que c'est lui qui a ouvert la brèche, qui a appuyé sur la cicatrice encore fraîche malgré les cinq ans écoulés, alors il relève la tête, il la fixe même si elle regarde ailleurs, "c'est tout autant de la torture pour moi quand chaque matin je me lève en me disant que je suis encore là et pas lui et que je m'en veut..." il se stoppe avant de reprendre quasi immédiatement, "c'est de la torture d'avoir peur à chaque voiture qui s'arrête à ma hauteur, d'avoir peur quand je croise un flic." et là il balance la bombe, "et moi aussi j'aurais préféré mourir ce soir là." il finit par se lever, impuissant face à tout ça, ne pouvant rien faire ou dire de plus face à une dashay ancrée dans ses idées, il a bien compris qu'entre eux le lien était rompus, mais il a fait une promesse à tod, et quoi qu'il se passe, même de loin, il continuera à veiller sur elle.

elle s'emporte dash, laisse parler tout ce qu'elle enfouie au fond d'elle et qui menace chaque jour d'exploser. elle se laisse porter par le courant de ses émotions jusqu'à dépasser les bornes. elle a conscience qu'elle est mauvaise dans ses paroles, que son ton n'est pas approprié et qu'il ne l'a jamais été depuis ces cinq dernières années. mais elle s'en rend d'autant plus compte en entendant la réponse de leron à ses attaques. parce qu'à trop le pousser à bout, à trop le chercher, arrive le moment où il est contraint de riposter. et elle ne lui en veut même pas dash d'hausser le ton comme elle le fait, simplement d'avoir réouvert les plaies. assise sur le canapé, elle ferme les yeux le temps que dure son discours sur sa propre torture. dash, ça ne fait qu'accroître sa culpabilité, parce que même si au fond d'elle elle le savait, elle se prend en pleine gueule tout l'égoïsme dont elle à fait preuve. parce qu'à trop se focaliser sur sa propre douleur elle n'en a pas jamais voulu voir celle de leron. et sa dernière phrase lui déchire la poitrine, la poussant à enfouir son visage entre ses jambes pour masquer la menace de ses sanglots. tu sais très bien que c'est pas ce que j'ai voulu dire.. qu'elle soupire en relevant la tête dans sa direction. évidemment qu'elle n'a jamais souhaité ni préféré sa mort à celle de todney. leron, il comptait pour elle presque tout autant que son frère et elle aurait vécu le drame avec la même intensité. j'aurais pas supporté de te perdre non plus leron.. et j'lui en aurais fait baver aussi. elle n'ose à peine le regarder alors que les mots sortent avant même qu'elle ne puisse les penser. elle est en mode automatique, dash, lorsque son corps prend le dessus sur son esprit qui lâche. c'est juste que.. qu'il me manque et je sais pas comment.. ouais, je sais pas comment ils font tous pour avancer, c'est comme s'ils avaient juste.. oublier et je peux pas. et y a une once de reproche dans le fond de ses paroles, à tous ceux qui la forcent à aller mieux parce que eux vont mieux. et y a pas que lui qui me manque. elle se surprend elle-même à prononcer ces paroles, réalisant après que leron fait parti de la longue liste de chose qu'elle regrette d'avoir perdu. et elle veut pas dash, non elle ne peut pas se laisser sous-entendre ce genre de choses alors elle se reprend rapidement. enfin je veux dire, ma vie d'avant, mon moi d'avant. je suis fatiguée de tout ça, parce que la douleur c'est épuisant putain. et pour la première fois depuis plusieurs minutes, elle plonge ses prunelles dans les siennes. des prunelles brillantes et pourtant vides.

il était prêt à partir, claquer la porte et ne pas se retourner, parce que c'était trop dur à supporter, et puis il ne voulait pas risquer de lui balancer des mots qu'il risquerait de regretter par la suite, parce qu'elle ne méritait pas ça dash et qu'il savait très bien pourquoi elle agissait de la sorte, surtout avec lui. mais c'est la voix de la demoiselle qui l'a retenu, toujours dos à elle il l'écoute leron, il boit ses paroles, et c'est un crève coeur de l'entendre lui partager sa tristesse, il ressent dans chacun de ses mots que dashay elle est brisée tout autant que lui, alors il se tourne et ose venir s'assoir à côté d'elle, comme pour lui faire comprendre qu'il est là, à ses côtés, qu'il l'a toujours été, et qu'il le sera jusqu'à la fin. leron il se perd dans le regard de la demoiselle quand cette dernière vient le fixer, il a l'impression que le temps s'arrête, et il est bien, ça l'apaise et il se surprend à redécouvrir ce regard qu'il connaît pourtant par coeur, ces yeux marrons pétillants qui font le charme de dashay, et puis ça le ramène à cette nuit, où ils n'étaient que tout les deux et où ils ont franchis cette limite que leron s'était jusqu'alors toujours fixé. secouant sa tête légèrement il revient au présent, il cherche les bons mots, ceux qu'il s'était imaginé lui dire un millions de fois depuis cinq ans mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion de le faire, "personne ne l'a oublié, parce que tod...bah il est inoubliable, il est en chacun de nous, ici..." qu'il dit en posant sa main sur son propre coeur. "...je sais dashay, et comme je te l'ai dit, je suis là pour toi, je lui ai toujours promis de veiller sur toi...et sur toute ta famille, et je le ferais jusqu'à mon dernier souffle." il lâche ça avec toute la bienveillance possible, il est sincère dans ses mots, "je tiens tellement à toi..." qu'il commence à dire avant de bégayer, "...enfin à vous, enfin ta famille, enfin dion, enfin tu vois ce que je veux dire." qu'il finit par conclure les joues légèrement rosées.

dash, elle ouvre les vannes et c'est comme si elle ne pouvait plus s'arrêter de parler. son cerveau mis sur pause l'espace de quelques minutes c'est son coeur et toute la douleur qu'il renferme qui prennent le relais. et même si les mots sont difficiles à prononcer, si ses phrases se font hésitantes, elle se libère d'une partie de ce qu'elle garde pour elle depuis des années. ces paroles, ces émotions, qu'elle peinait à exprimer et qu'elle dévoile aujourd'hui à leron sans ressentir le besoin de le repousser. pourtant, c'est un léger mouvement de recul qu'elle amorce lorsqu'il s'assoie à ses côtés, pas réfractaire à l'idée qu'il soit si proche, dash elle est simplement pas à l'aise à l'idée qu'il puisse la touchée, encore trop habitée par cette rancoeur qu'elle sait pertinemment mal placée. cette distance qu'elle garde en limite de ce qu'elle s'autorise pour le moment ne l'empêche cependant pas de laisser son regard plonger dans le sien. et elle se rend compte dash, du gâchis qu'on était ces dernières années, de la bienveillance qu'elle a toujours soupçonné sans véritablement vouloir l'accepter. elle l'écoute en silence, le scintillement de ses pupilles comme seule réponse. rien qu'un sourcil qui s'arque lorsqu'à son tour ses paroles se font plus osées que ce qu'il aurait pensé. puis l'ombre d'un sourire, doux, sincère, mais presque imperceptible. dash, elle se reconnaît dans tout ce qu'il dit, à la fois électrisée et apaisée par sa présence. elle s'apprête à faire céder ses barrières, à amorcer un mouvement dans sa direction. juste un contact, une étreinte, qui n'aura pas lieu parce que le bruit de la porte lui fait tourner la tête en direction du couloir sur ses parents et dion qui débarquent en fanfare. une arrivée qui la fait se redresser immédiatement alors que son petit frère se jette instantanément sur eux, apparemment très heureux de la savoir encore là et de découvrir également la présence de leron. et quand ses parents arrivent pour saluer leur inviter, s'extasient déjà à l'idée de le convier à dîner, dash se relève et s'excuse pour retourner réviser, un dernier regard lancé au salon avant de disparaître.